- grossièrement
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1 ♦ D'une manière grossière, sans soin. Bois grossièrement équarri. ⇒ imparfaitement, sommairement. Motif grossièrement dessiné, sculpté. ⇒ maladroitement. — D'une manière sommaire. Calculer grossièrement un prix de revient. ⇒ approximativement (cf. En gros).♢ Se tromper grossièrement. ⇒ lourdement. Une « couleur qui jurait grossièrement avec le ton de ses cheveux » (Flaubert).2 ♦ D'une façon blessante ou inconvenante. Répondre grossièrement à qqn. ⇒ impoliment. Jurer grossièrement (cf. Comme un charretier).Synonymes :- naïvementContraires :- délicatement- finementD'une manière sommaire, approximativeSynonymes :- en grosContraires :D'une manière inconvenanteSynonymes :- effrontémentContraires :- polimentD'une manière brutaleSynonymes :Contraires :grossièrementadv.d1./d Imparfaitement. Pierre grossièrement travaillée.d2./d Avec rudesse, impolitesse. Répondre grossièrement.d3./d Se tromper grossièrement, lourdement.⇒GROSSIÈREMENT, adv.A. — D'une manière imparfaite, maladroite ou sommaire. Accroc raccommodé grossièrement; homme vêtu grossièrement; pierre grossièrement sculptée. Mélanie, au coin de la cheminée, dans un haut fauteuil de bois blanc grossièrement paillé, tricotait de la laine bleue (A. FRANCE, Pt Pierre, 1918, p. 239). Alors que mon écriture était grossièrement enfantine, la sienne m'étonnait par son élégance (BEAUVOIR, Mém. j. fille, 1958, p. 113) :• 1. Vêtue d'une robe noire extrêmement simple, presque pauvre, d'un manteau court, grossièrement chaussée, coiffée d'un béret de tricot qui couvrait entièrement ses cheveux ras, fraîchement coupés « à la garçonne », (...) elle ne risquait guère d'attirer l'attention de personne...BERNANOS, Mauv. rêve, 1948, p. 987.— P. ext. [En parlant d'une chose abstr.] D'une manière approximative. Évaluer grossièrement un prix de revient, des frais; exprimer qqc. grossièrement. Tu es mon ami de trop fraîche date pour que je te donne grossièrement mon opinion là-dessus (COLETTE, Naiss. jour, 1928, p. 32). Tantôt on rappelle les définitions du grand siècle, où tout l'art est de plaire, tantôt on évoque une sensibilité vaguement mystique, plutôt (...) grossièrement émotionnelle (SCHAEFFER, Rech. mus. concr., 1952, p. 174) :• 2. Réduire l'imagination à l'esclavage, quand bien même il y irait de ce qu'on appelle grossièrement le bonheur, c'est se dérober à tout ce qu'on trouve, au fond de soi, de justice suprême.BRETON, Manif Surréal., 1er Manif., 1924, p. 15.B. — 1. D'une manière qui dénote un manque de civilisation, d'éducation, de culture :• 3. Ils mangeaient grossièrement et fortement, en vrais ruraux; ils eussent fourni à des citadins une impression un peu animale et comme d'un troupeau dont toute la beauté tient dans la santé et dans la robustesse.BARRÈS, Colline insp., 1913, p. 139.2. D'une manière qui dénote beaucoup d'ignorance, de bêtise. Se tromper grossièrement. Quelle confiance peut avoir le pays en des hommes qui se sont laissé si grossièrement duper (CLEMENCEAU, Vers réparation, 1899, p. 121).— En partic. D'une manière qui dénote beaucoup de maladresse. Louer quelqu'un grossièrement (Ac. 1878-1932).C. — D'une manière inconvenante ou injurieuse. Insulter, interrompre grossièrement qqn; répondre grossièrement à qqn; ricaner grossièrement. Il se fit apostropher grossièrement : on le traita de morveux, et on l'envoya se coucher (ROLLAND, J.-Chr., Antoinette, 1908, p. 915). Des domestiques riaient grossièrement dans l'office de l'appartement d'en face (DRIEU LA ROCH., Rêv. bourg., 1939, p. 310).Prononc. et Orth. : [
]. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) 1488 « simplement, sans complication » (ORESME, Ethiques d'Aristote, éd. 1488, X, 16 ds GDF.); b) 1580 « à peu près, sommairement » (MONTAIGNE, Essais, I, XXVI, éd. A. Thibaudet, p. 177); 2. 1580 « de manière peu raffinée » nourry grossierement (ID., ibid., p. 186); 3. 1694 « de manière impolie » (Ac. : il parle, il respond, il fait tout si grossierement). Dér. de grossier; suff. -(e)ment2. Fréq. abs. littér. : 390. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 498, b) 436; XXe s. : a) 565, b) 659.
grossièrement [gʀosjɛʀmɑ̃] adv.ÉTYM. 1580; « avec simplicité », 1488; de grossier.❖1 D'une manière grossière (II., 1.). || Un homme grossièrement vêtu (→ Cahoter, cit. 2). || Bois grossièrement équarri (cit. 2), cannelé. ⇒ Imparfaitement; → Crémaillère, cit. 1. || Morceaux grossièrement attachés, assemblés, cousus. ⇒ Sommairement. || Motif grossièrement dessiné, sculpté. ⇒ Maladroitement. — (1580, Montaigne). Sommairement. || Calculer grossièrement un prix de revient. ⇒ Approximativement, gros (en), grosso modo. || Plan grossièrement esquissé (cit. 1).1 Voilà, mon cher cousin, fort grossièrement le sujet de la pièce.Mme de Sévigné, 1015, 10 mars 1687.2 Certes, cela est dessiné grossièrement, sans esprit, et d'un crayon qui s'écrase en appuyant sur le contour (…)Th. Gautier, Portraits contemporains, Ch. Paul de Kock.2 De manière grossière (II., 3.). || Se tromper grossièrement. ⇒ Lourdement; → Fait, cit. 44. || Louer qqn grossièrement. ⇒ Maladroitement. || Heurter grossièrement le bon goût.3 Elle avait cru coquet de s'habiller tout en vert, couleur qui jurait grossièrement avec le ton de ses cheveux rouges.Flaubert, l'Éducation sentimentale, III, II.3 (1694). D'une façon blessante ou inconvenante. || Répondre grossièrement à qqn. ⇒ Brutalement, effrontément.
Encyclopédie Universelle. 2012.